La Rafle
Hier soir avait lieu la projection de La Rafle de Rose Bosch en avant-première.
Portant une attention toute particulière à cette période de notre histoire, je n’ai pas eu envie d’attendre plus longtemps pour découvrir ce film tant attendu.
A l’origine du film, il y a trois ans d’enquête et de reportage au cours desquels Rose Bosch n’a rien laissé au hasard. Il ne restait en effet aucun document, exception faite d’une photo de trois bus vides devant le Vélodrome d’Hiver, montrant cette page tragique de notre histoire.
Rose Bosch a réussi à entrer en contact avec trois témoins encore vivants : Joseph Weismann, âgé de onze ans à l’époque et qui va devenir le personne principal du film, Anna Traube, une jeune fille juive raflée le 16 juillet 1942 et Fernand Bodevin, un des pompiers du Vel’ d’Hiv’.
Le film ne raconte pas l’histoire de Josef Weismann tel qu’il l’a vécu mais tous les faits et anecdotes sont véridiques et Rose Bosch fait le choix de mettre en avant « quelques destins ».
Le point de vue choisi, celui des enfants pris dans la rafle du 16 juillet 1942 confère au film une dimension profondément humaine. Le drame est filmé de l’intérieur, à travers les yeux de l’innocence et de la confiance, rendant d’autant plus atroce la machination politique qui transparaît en arrière plan.
La Rafle est filmé de telle manière que le spectateur est plongé dans le monde des personnages depuis leur quotidien sur la butte de Montmartre jusqu’aux camps du Loiret. L’empathie est le sentiment qui prédomine durant tout le film, laissant le spectateur à bout de souffle à la fin des deux heures.
Hier soir, la tension dans la salle au moment du générique était palpable et le silence à la fin du film d’une qualité rare. Les applaudissement, seuls, sont venus rompre la barrière de l’émotion.
Je suis encore dans l’émotion du film, c’est pourquoi je ne saurais parler aujourd’hui d’autres éléments tels les acteurs, la reconstitution des lieux, la narration sur différents plans qui sont autant de choix qui participent à la réussite d’un film qui ne verse jamais dans la bonne conscience ou dans le sentimentalisme. La tension est continuellement présente durant le film et reste un certain temps vivante chez le spectateur.
En attendant d’évoquer peut-être ces dimensions dans un autre article, je vous conseille ce dossier qui permet d’aller plus loin dans le film et de comprendre comment ses protagonistes (réalisatrice, témoins, acteurs) l’ont eux-mêmes vécu.