Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi
Comment occuper son dernier week-end de vacances efficacement pour ne pas penser à la reprise ? Une solution qui a fait ses preuves : trouver un bon gros livre, se plonger dedans et réapparaître deux jours plus tard.
Comme je l’attendais depuis longtemps, j’ai donc choisi de consacrer mes derniers jours de vacances au dernier roman de Katherine Pancol.
Alors déjà, le roman fait gentiment 853 pages. Et sur la couverture voilette s’affiche le titre coloré. Bref, on ne peut pas le louper sur les rayonnages de la librairie.
Mon nouveau livre en poche (subventionné le nouveau livre ! Merci beaucoup !), je rentre à la maison m’avachir sur le canapé pour commencer ma lecture.
Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi
Le roman, divisé en trois parties, s’ouvre sur une scène dans laquelle la flamboyante Hortense montre qu’elle n’a rien perdu de sa morgue. Nous sommes immédiatement plongés dans l’univers londonien huppé dans lequel Hortense et Gary évoluent.
Ce troisième opus nous replonge rapidement dans la vie de ces personnages si ordinairement héroïques qui peuplaient les deux premiers tomes. Il répond progressivement à toutes les questions laissées en suspens à la fin de La Valse lente des tortues tout en ouvrant de nouvelles portes, toujours plus mystérieuses, dans la vie de Joséphine, de Zoé, de Shirley, de Philippe ou encore d’Alexandre.
De Londres à Paris, en passant par les limbes écossaises ou Rouen, l’amour traverse les frontières et fait vibrer les personnages autant que le lecteur. Ce roman, bien plus que les deux précédents à mon sens, est un roman sur la quête de l’amour et du désir, un roman sur la recherche absolue et parfois obstinée du bonheur, un roman sur l’énergie vitale.
Les personnages créent, défont, redessinent, polissent puis explosent leur vie et peu à peu cessent de subir le destin que la vie a voulu leur imposer pour la façonner à l’image de leur désir.
Des nouveaux personnages apparaissent dans ce roman et notamment Becca. Silhouette fragile et fantasque au début, elle va prendre de plus en plus d’épaisseur et s’étoffer pour devenir une héroïne de la vie moderne et une merveilleuse rencontre pour certains personnages. Loin d’être un simple personnage secondaire de plus, Becca va être un formidable instrument du destin et changer la vie de ses nouveaux compagnons.
Là est le génie de Katherine Pancol : réussir à renouveler ses personnages, les ciseler si finement qu’on se sent en empathie permanent avec leur histoire, les façonner en diable pour qu’ils restent dans le mémoire du lecteur et les incarner avec tellement de force qu’ils sont, eux-mêmes, le ressort de l’intrigue.
Une autre ombre apparaît progressivement dans le roman : le mystérieux « petit jeune homme » dont Joséphine découvre le journal intime, ultime trace d’une amitié amoureuse adolescente.
Le personnage du « petit jeune homme », que Joséphine va finir par identifier, n’est pas le plus intéressant de l’histoire. Ni pour le lecteur, ni pour Joséphine elle-même qui est déçue de rencontrer en vrai un personnage si romanesque
Non, l’intérêt de cette histoire est autre.
Le carnet du « petit jeune homme » est l’occasion de faire revivre un fabuleux acteur des années 60. A la manière de Louise Brooks dans Embrassez-moi, Cary Grant vient donner un nouveau souffle au roman de Kathrine Pancol. L’habile mise en abyme des histoires amoureuses donnent aux personnages de la romancière une vraisemblance vraiment troublante.
Cary Grant parle raconte sa vie au « petit jeune homme » et lui donne les clés pour être maître de son bonheur :
« My boy, retiens ceci : on est seul responsable de sa vie. Il ne faut blâmer personne pour ses erreurs. On est soi-même l’artisan de son bonheur et on est parfois aussi le principal obstacle à son bonheur. Tu es à l’aube de ta vie, je suis au crépuscule de la mienne, je ne peux te donner qu’un conseil : écoute, écoute la petite voix en toi avant de décider quel sera ton chemin… Et le jour où tu entendras cette petite voix, suis-la aveuglement… Ne laisse personne te détourner de ton chemin. N’aie jamais peur de revendiquer ce qui te tient à cœur. »
Suivra-t-il les conseils de l’acteur ?
Joséphine comprendra-t-elle le message de ce carnet ?
Le lecteur se sentira-t-il concerné par ces messages ?
Vous l’aurez compris, j’ai adoré, passionnément, lire ce livre.
J’ai adoré retrouver des personnages merveilleusement campés auxquels je me suis attaché dans les deux premiers romans
J’ai adoré être transportée dans l’espace, dans le temps, dans les rêves et les expériences des personnages
J’ai adoré être plongée dans des univers aussi différents que le cinéma, le Moyen-Âge, la mode londonienne et parisienne et l’histoire tumultueuse des Lords écossais.
J’ai adoré comprendre toutes les allusions de ce roman. Me sentir enfin dans l’époque d’un roman de j’aime.
(Je me souviens de la lecture des Chroniques de San Francisco A. Maupin qui me laissaient un sentiment d’inachevé car je ne comprenais pas la moitié des allusions culturelles)