La Consolante
Après une semaine de travail intensif et de stress paralysant, je prends le temps de rédiger le billet de ma dernière lecture : le très controversé roman d’Anna Gavalda, La Consolante.
Comme souvent chez la romancière, le héros de son roman n’en est pas un, loin ne s’en faut. Charles Balanda, notre anti-héros, a 47 ans et architecte. Sa vie s’enlise, s’englue même entre une compagne volage et hautaine, une belle-fille adolescente, une famille décevante, exception faite d’une petite sœur d’une pétillance qui cache une souffrance profonde.
Sa vie va basculer le soir où il apprend la mort d’Anouk, la mère de son ami d’enfance, Alexis qui a enchanté son enfance mais avec laquelle il n’a plus de relation depuis des années. Une annonce lacunaire et énigmatique qui va replonger Charles dans son enfance et son adolescence et le forcer à faire le point sur ses sentiments.
Le personnage d’Anouk se dessine à mesure que les souvenirs de Charles émergent. On devine un personnage fantasque et attachant, une sorte de clown triste et autodestructeur qui traverse la vie dans une sorte d’urgence vitale.
Charles se lance alors dans une enquête qui prend rapidement la forme d’une quête personnelle. Il va finir par apprendre les causes du décès d’Anouk, retrouve un Alexis métamorphosé et décevant et fait la connaissance de Kate, une anglaise fantasque et courageuse.
Kate intrigue Charles. Ils sont si différents.
Charles s’accroche à cette vitalité nouvelle et cherche à découvrir qui est véritablement Kate.
Il faut dire que Kate, c’est une ferme et ses dépendances délabrées, trois enfants, six chiens dont un Grand et des sans-noms, une chèvre, des poules, un âne susceptible, un lama qui s’attache un peu trop facilement, des chevaux, une tronçonneuse et des bottes, deux autres enfants, une écurie et un chenil du XVIIIème tout confort, un franc-parler qui butte contre l’émotion.
Kate ressemble à Anouk. Kate bouleverse Charles. Kate va sauver Charles.
…. et le lecteur par la même occasion.
Car l’arrivée de Kate donne un véritable souffle à ce roman qui a peine à décoller.
Charles, insignifiant et anti-héroïque au possible, est un anti-héros trop bien réussi. L’histoire peine à démarrer, se répète, hésite et piétine. Elle est à l’image de Charles !
L’intrigue n’est pas le seul défaut de ce roman en demi-teinte.
Le style adopté par Anna Gavalda est particulier et étonnant. Elle multiplie les tics de langage dont on ne comprend pas l’intérêt.
Je n’évoquerais ici que le plus horripilant : elle omet souvent le sujet dans ses phrases de narration. Des phrases au passé simple….
En prenant son ordinateur, vit que Claire avait essayé de l'appeler plusieurs fois.
Ce choix stylistique rend certains paragraphes très difficiles à lire et à comprendre : aux alentours de la page 200, on trouve un passage de deux pages sans aucun sujet !!
Symboliquement, ces tics de langage s’accentuent à mesure que Kate prend de l’importance dans le roman.
Kate sauve Charles, le lecteur et l’auteur lui-même. Dommage qu’elle n’apparaisse pas plus tôt dans le roman !